Reflets d'or

Ecrire à la suite d'Altesses

Ce serait folie

Pure folie

Ce serait ne pas pénétrer dans l'ouverture,

Revenant sur mes pas

Faisant refus devant l'obstacle

Ecrivant ici je ne suis pas fait de ce qui précède,

Je suis bien dessous

Même si dans le temps je lui succède

Je suis avant elle, sans sa perfection de l'indicible

Aller avec ce qui précède c'est être dans l'ineffable,

Sans écriture de cet ici

L'ineffable que je m'en souvienne, où était-il ?

Le monde a été hanté d'angoisses, sombres angoisses, mésinterprétations du monde, me pliant à leur regard

Quel ineffable ? L'ai-je approché l'ineffable ?

Tout ce dont je me souvienne est le métro passant sur la scène,

Son pont de métal, et en bas le cerisier, aujourd'hui vert

Et sa poésie, écrite pensant à Rilke que je lisais dans ce wagon

Voyageant en moi

Je le vois,

En ambiances à la surface de l'eau

Ce qui se voit véritablement en portraits et en gestes

Est hanté d'angoisse à présent que j'écris

C'est la moins belle vie

Heureusement sont là

Mes enfants et Madoka, ma joie

La lumière, de son blanc reflet,

Sur la Seine en iris

Je ne sais comment

Elle est ancrée en moi

Je ne sais me souvenir quand je l'ai pensé

Il n'y a pas assez d'instants où j'eus à l'esprit ce qui est là

Il s'est pensé je crois dans la nuit et son sommeil

Et quelques bribes émanant au jour

En poésie

Les miroitements sur la Seine naîssent de là

De ce qui s'empourpre dans Rose of the world (Yeats)

Qui monte en magesté dans La Dame à la Licorne (Rilke)

Qui est en six états distincts dans les tapisseries

Successions de magesté

L'aimant en son réel

L'immuable

Car de la répétition des scènes et des ambiances

C'est le constant qui reste

Sur la superposition

Imaginez reposant tournées les unes sur les autres des feuilles de papier

Elles sont en pétales autour de leur coeur

Imaginez à présent une lumière derrière

La rose de papier serait lumineuse sur les côtés, là où le papier est fin

Et sombre au milieu où les couches de papier empêcheraient la lumière

A la différence superposez des feuilles de lumière

Le centre serait d'une éblouissante lumière, au centre du centre

Superposant en la vie les angoisses, le coeur de la vie, la constante est ce cercle noir, ténébreux

Superposant les lumières, c'est une élévation en la lumière

C'est ainsi, par forme de superpositions de lumière qu'est

La lumière blanche s'irisant sur la Seine

Elle a en elle de toutes ces lumières

Vécues et imaginées

Toutes ensemble, feuilles de lumière

Voiles magiques

Elles ne sont pas toutes à la fois dans mon souvenir,

Mais elles importent peu

Je suis attiré par leur coeur, leur lumière,

Elle qui ne se dit pas

« reste ici »

Sois ici, dans le reflet,

même en mon absence

sois là quelque part en moi

en mon âme endormie

Etrange n'est-elle pas ?

Ame qui dort le jour et vit la nuit

Elle perce parfois dans le jour

Merveilleuse, indicible

En des instants

En eux-même non tout pleins de lumière

Mais plus ou moins subtilement couverts d'un voile de l'umière

Il est des instants sous le voile sombre, et il en est sous ce voile de lumière

Ensemble, laissant empruntes l'un derrière l'autre, de leur lumière

Feuilles de lumières et leur centre éblouissant

Ce passage quotidien en métro, les photos du cerisier, les péniches allant sur l'eau, le poème écrit, les Lettres de Rilke, toutes ces feuilles, ces voiles de lumière, captés en la poussière, simple poussière, captée dans un filet de lumière, très fin, confondu en la lumière du jour, elle lumière de la nuit, du sommeil, ce voile si fin

Inconsciemment il alimente une source intérieure

Coulant ainsi qu'un canal,

En les eaux tumulutueuses du fleuve

Seine, Seine de lumière, ville

Anhydre, Anhydre sans eau, ailleurs

Pas n'importe où hors de ce monde

u-topos, là en la ville Amaurote

La ville où l'on ne voit pas

Amaurote est la chambre noire

Elle est le silencieux studio

Qui n'étouffe pas la lumière de la nuit

Là se déposent les voiles

Délicats, intouchés par la lumière rouge

Allant en eux-mêmes

Dépôts fragiles

Se développent de leurs images

Très fine feuille perdue en poussière, n'est-ce ses fibres se ramifiant

Se superposent, et là quelque part, paraît une lumière, là où elles se recoupent

L'image, détaillée de ses souvenirs

Elle a été de la tristesse et de la joie

Elle a été de choses et leurs contraires

Dans leur entrelac fin

Dessinant le contretent

La spirale

Perçant en l'infinie nostalgie

Et sa voie de lumière, au centre des feuilles de papier lumineuses

Feuilles de lumière

Ou incurvées, fragments d'une coupole polarisante

Fragments multiples et distincts

Recevant toutes entières les images

Mais là ce qui en reste au centre du centre des réflexions,

Seule la lumière

De ces différents jours, de ces différents climats

De ces différents films et de ces différents livres, de ces différentes musiques

Eclectiques

De Sophia, d'Isis, d'Hélène, de la Vierge, de la Shekinah, d'Athéna, des six visages des tapisseries, d'Amenouzume, d'Ellen, de la Majesté, de l'Altesse

J'y pense écrivant ce paragraphe : l'application du schéma Dieu - Shekinah, Essence - Sophia, Dieu - Vierge ; sur Amaterasu - Amenouzume fonctionne en Déesse, ce n'est pas le même schéma. C'est Amaterasu + Amenozume, pas une distance de pôles opposés qui créent de la fécondité des inverses. C'est une addition : le voile lumière de l'une s'ajoute à celui de l'autre, c'est une reconnaissance d'appartenance au Soi, c'est une réconciliation, une consolation. Ils restent loins de nous, Takamimusubi, Izanagi, Suzanoo, Okuninushi. Elle est auprès de nous, Mihotsuhime, elle danse avec nous, Amenouzume, elle est notre lumière, Amaterasu, elle est nos ténèbres, Izanami.

Les Tapisseries, elles, six dames, elle est l'éblouissement de l'aurore de Toucher, les voeux illusoires d'Odorat, la consolante mélancolie d'Ouïe, l'épurement de Désir, l'équilibre aux différents degrés de Goût, la superposition des voiles de lumière de chacune des cinq précédentes tapisseries, par-dessus la scène émerveillée de la dame le regard mi-clos, en transparence, présente à la licorne un miroir. Elle ne lui présente pas son reflet. Elle lui présente un miroir.

Qu'y voit la licorne ? Nous la voyons dans le miroir, c'est qu'elle nous voit. Elle nous regarde.

Nous sommes le reflet de la licorne.

Ou est-ce elle qui est notre reflet, dans le miroir présenté par la dame ?

La scène nous élève en elle-même, à travers le miroir, simplement en incarnant notre propre reflet, conscience de la cause interne, de la propre volonté, dans les gestes qui semblent d'abord inagencés, mais auquel l'on s'habitue. Les gestes gauches du reflet.

Ne marche-t-il pas étrangement celui qui pense au moindre de ses muscles et de ses équilibres ? Celui-là tombe

Il marche avec aise celui qui est dans le monde en de plaisantes pensées

Il est dans le reflet avec aise celui qui s'anime dans la licorne

Elle concentre tant de symboles

Des symboles éclectiques, contraires

Tels des feuilles de papier

Par une magie invoquée par l'association des contraires

La licorne, et six dames

La licorne est en moi, cette blancheur de lumière

La dame, elle, tient le miroir, elle est la même, des deux côtés du miroir

Amaterasu elle aussi est la même, vue d'un côté par Izanagi qui la fait apapraître d'un miroir, et de nous qui la voyons dans le miroir offert à l'Auguste petit fils. Elle est dans l'intermédiaire, elle est la médiatrice.

N'est-ce pas ce qu'elles sont toutes ?

Pareilles en les deux mondes

Femmes magestueuses

Altesses