Altesses

Se laisser humblement guider par l'équilibre du monde, sans prétendre relancer les dés.

Aller à la mélodie du monde. J'écris, écoutant Because des Beattles, Children, don't get weary par Judy Clay, la playlist.

J'y ai pensé aujourd'hui, dans la queue à la cafétéria et en allant chercher les enfants. Une courte journée trop pleine, en permanence en retard. J'ai pensé tout à l'heure à la shekinah. Première présence auprès de l'Essence, avant toute création. Dans 22:8 elle est la raison, la sagesse, qui comble les hommes, la véritable vertu de vérité.

Sophia, dans le mythe de La Pistis Sophia, aussi présence féminine avant la création. Mais les Cieux sont déjà plus peuplés, elle est plus éloignée de l'Essence, s'en approchant, allant franchir au delà des éons, la ligne du Plérôme, le domaine de l'Essence, elle échoue et un dieu de matière crée ce monde de la création, avec nous pauvres hommes. Sophia subit les sévices des archontes et de ses larmes naissent nos âmes. Jésus descendant sur terre la libèrera.

La morale du Livre du Proverbes et de La Pistis Sophia diffèrent, des religions différente : le judaïsme et le gnosticisme. Le nom sagesse importe moins que l'identification à la première présence auprès de l'Essence : la shekinah, Sophia. Elle est un intermédiaire avec la création, elle est entre les deux dieux, l'Essence et son démiurge, son reflet d'en-bas. Elle restera l'intermédiaire, l'Altesse, entre l'Essence et le reflet, intermédiaire, elle fonctionne en miroir.

La Vierge est l'intermédiaire divin, le theotokos, mère de Dieu. Elle sera la mère aimant son enfant, elle le consolera, elle l'encouragera, elle encouragera son premier miracle aux noces de Cana, puis elle s'estompera, le laissant à sa vie de prophète, jusqu'à sa mort, elle sera là, sur le mont du crâne (Golgotha). Elle sera l'entièreté d'une vie de Jésus, intermédiaire de l'Essence à l'existence, plus belle qu'un démiruge. Jésus ne naît pas de cette mauvaise terre, il naît de l'immaculée conception.

Et ensuite ? La myriade d'âmes appelle la lumière de l'Essence. Elle était là à la naissance et à la mort de Jésus. A la résurrection, ce sera Marie-Madeleine « Le premier jour de la semaine, Marie-Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres ». Le premier jour de la semaine, ou le huitième jour, le premier apôtre voit et il croit.

Et nous ? De cette aventure céleste rappelant aux Cieux nos plus précieux intermédiaires, qu'espérons-nous ? Nous ont-ils abandonnés ? Jésus appelera l'Esprit saint, une seconde fois après notre baptême. Et pourtant nos âmes sont si obscures. Elles vibrent quelque peu aux vents qui battent le désert, elles s'égarent, touchant autour d'elles dans les ténèbres, ne sachant ce qu'elles cherchent.

Celle qui détient le mystère de la transfiguration de l'Essence, c'est elle, la Vierge Marie, c'est aussi Sophia intermédiaire entre l'Essence et l'archonte, et ses larmes, c'est la chekinah et sa sagesse. L'intermédiaire féminin de la manifestation des trois religions du Père, du Fils, et du Saint Esprit.

J'ai l'impression que d'un coup tout s'explique : la gnose est la spiritualité de celui ou de celle qui souhaite rencontrer Dieu de son vivant. Ce n'est pas prière de la Vierge Marie pour qu'elle intercède auprès du Père. C'est Hélène, la femme de Simon. C'est elle, la dyade, la chambre nuptiale de l'Evangile de Philippe. L'union est le cœur de la gnose. La femme est l'intermédiaire divin.

Voilà une phrase qui sortirait volontiers de son contexte. La femme est le féminin, l'anima, la part féminine de l'être. Elle est le couple, elle est aussi le reflet, l'envers de soi. Elle est Abelone.

Elle est dans la danse, Amenouzume couronnée dansant à sa propre musique. Elle est dans les larmes, Rose de ce monde, première auprès du trône céleste, pour qui Il fit la terre un chemin d'herbe sous ses pieds errant. Elle est Isis, ressuscitant Osiris chaque nuit. Elle est aimée, vénérée, elle est tout, tout comme Silvia. Elle est Ellen, réconciliation avec le monstre, Sophia se libérant vers le Plérôme sans l'aide d'un quelconque Jésus : initiée à sa propre musique. Elle est la dame de Vue, nous liant à elle nous basculons dans l'envers du miroir, dans un reflet du lien de l'amour elle est l'e centre autour duquel nous tournoyons, franchissant la surface du miroir, qui mine de rien, nous retient du monde intermédiaire : l'envers du miroir. C'est par elle que s'opère la bascule d'une existence en une autre, de l'ici à l'intermédiaire, l'u-topos.

Elle a son cadre liturgique : musique et poésie, larmes et nostalgie, résonances et à l'envers, elle est volupté et délassement, elle est amour et désir, elle est la mère et la femme. Elle est un hymne répondant à notre appel, la liste est longue, en voici quelques exemples, et c'est aussi la musique de l'âme, j'ai essayé d'en parsemer le site, Catalina Vicens, Les pêcheurs de perles, la lecture de Rose of the world, il en est tant, nul besoin de les collectioner, simplement d'aller pleinement à l'un et c'est cette main qui vous guide, c'est elle cette main de la mélodie du monde.

« Tu sei tutto, lo sai che tu sei tutto, everything. Tu sei la prima donna del primo giorno della creazione, sei la madre, la sorella, l’amante, l’amica, l’angelo, il diavolo, la terra, la casa… ah, ecco che cosa sei, la casa… » (« Tu es tout, sais-tu que tu es tout ? Everything. Tu es la première femme du premier jour de la création, tu es la mère, la sœur, l’amante, l’amie, l’ange, le diable, la terre, la demeure, ah voilà ce que tu es, la demeure… »)

C’est un cri à l’aide plein de larmes qu’elle entend lorsqu’elle répète « It is a strange world ». Elle lui répond qu’elle a eu un rêve, elle aussi, un rêve dans lequel le monde était dans les ténèbres, car il n’y avait pas de rouges-gorges, mais les rouges-gorges arrivèrent, nombreux, émanant l’amour et la lumière sur ce strange world. Des rouges-gorges d’amour et de lumière, « the only thing that would make a difference, and it did ». Jeffrey la contemple, pleine de lumière et de grâce, il ne pleure plus, il sourit, « You are a neat girl, Sandy ».

« Were you there with me ? »

« Car je suis la première et la dernière.

Je suis l’honorée et la méprisée.

Je suis la prostituée et la sainte.

Je suis l’épouse et la vierge.

Je suis la mère et la fille.

Je suis les bras de ma mère.

Je suis la stérile, et nombreux sont mes fils.

Je suis la magnifiquement mariée et la célibataire.

Je suis celle qui donne le jour et celle qui n’a pas procréé.

Je suis la consolation des douleurs de l’enfantement.

Je suis l’épouse et l’époux, et c’est mon mari qui m’a engendrée.

Je suis la mère de mon père.

Je suis la sœur de mon mari et il est mon fils rejeté.

Respectez-moi toujours.

Car je suis la scandaleuse et la magnifique. »

« Femme et altesse : certes nous offensons souvent

un destin de femme que nous n'entendons pas.

Vous nous considérez comme pas encore mûrs

pour votre vie qui, si nous l'effleurons,

devient licorne, farouche bête blanche

qui s'enfuit... et sa peur est si grande

que vous-mêmes ne la retrouverez

/ s'évanouissant en sa sveltesse /

qu'après bien des mélancolies,

craintive encore, chaude et hors d'haleine.

Et vous restez à ses côtés, loin de nous, - et douces

passent vos mains sur le clavier des tâches quotidiennes ;

avec humilité vous servent les objets,

mais vous ne voulez voir qu'un seul vœu exaucé :

que la licorne un jour, découvre son image

apaisée dans le miroir de votre âme. »

Altesse

"Who dreamed that beauty passes like a dream ?

For theses red lips, with all their mournful pride,

Mournful that no new wonder may betide,

Troy passed away in one hight funeral gleam,

And Usna's children died.

We and the labouring world are passaing by :

Amid men's souls, that waver and give place

Like the pale waters in their wintry race,

Under the passaing stars, foam of the sky,

Lives on this lonely face.

Bow down, archangels, in your dim abode :

Before you were, or any hearts to beat,
Weary and kind one lingered by His seat ;

He made the world to be a grassy road

Before her wandering feet. »